CHAPITRE 09 La gouvernance dans un secteur émergent : les leçons à tirer de la « ruée vers l’herbe »
La ruée vers l’herbe du Canada : défis posés par la croissance En juillet 2018, Aurora Cannabis Inc., société inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (« TSX »), a fait l’acquisition de MedReleaf Corp., alors elle aussi inscrite à la cote de la TSX, dans le cadre d’une opération de 3,2 milliards de dollars, la plus importante opération jusqu’alors jamais réalisée dans le secteur. Dans les mois qui ont suivi, émetteurs et investisseurs ont injecté des milliards de dollars dans le secteur du cannabis dans le cadre d’importantes fusions et acquisitions et d’investissements majeurs. Plus récemment, toutefois, bon nombre d’émetteurs du secteur ont montré des signes d’essoufflement. La demande pour le cannabis et les produits dérivés s’est montrée plus faible que prévu, et nombre d’émetteurs n’ont pas été en mesure de dégager de profits. En outre, de nombreux émetteurs du secteur du cannabis ont peiné à se conformer à leurs obligations en matière de communication de l’information et fait face à des pressions croissantes de la part de leurs parties prenantes qui exigeaient la mise en place de meilleures structures de gouvernance et une plus grande imputabilité. Bon nombre des fondateurs des plus grands émetteurs du secteur au Canada se sont fait montrer la porte. Au moment de la rédaction du présent rapport, au moins 14 émetteurs du secteur du cannabis avaient demandé à se mettre à l’abri de leurs créanciers ou entamé une procédure de mise sous séquestre en 2020, et d’autres démarches du même ordre sont à prévoir. Dans les sections qui suivent, nous nous penchons sur les trois principales leçons en matière de gouvernance qu’on peut tirer de l’expérience vécue dans le secteur du cannabis au Canada et nous faisons des recommandations aux conseils et à la direction des émetteurs issus d’un secteur émergent. Composition du conseil : le secteur du cannabis apprend des erreurs couramment commises par les émetteurs émergents LA COMPOSITION DU CONSEIL EST SOUVENT LE CADET DES SOUCIS DES ÉMETTEURS ÉMERGENTS Le boom qu’a connu le secteur du cannabis semble s’être produit du jour au lendemain. Même si bon nombre de ses joueurs importants exerçaient déjà des activités dans le domaine du cannabis thérapeutique depuis un bon moment, le dépôt du projet de loi visant à encadrer le cannabis à usage récréatif en avril 2017 (qui devait entrer en vigueur le 1 er juillet 2018) a suscité une vague d’intérêt de la part du public et des investisseurs pour un secteur qui, croyait-on, pouvait faire concurrence aux secteurs de la bière et du vin au Canada. Les 18 mois qui ont suivi ont donné lieu à de multiples opérations de fusion et acquisition et de mobilisation de capitaux dans le secteur du cannabis, alors que les producteurs ont joué du coude pour augmenter leur production et se positionner en tant qu’acteur de premier plan dans le secteur en prévision de la légalisation du cannabis à usage récréatif.
De nombreux émetteurs du secteur du cannabis ont peiné à se conformer à leurs obligations en matière de communication de l’information et fait face à des pressions
croissantes de la part de leurs
parties prenantes qui exigeaient la mise en place de meilleures structures de gouvernance et une plus grande imputabilité.
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