CHAPITRE 06 La rémunération des hauts dirigeants en temps normal et en temps de crise
L’incidence immédiate de la pandémie de COVID-19 : réduction et gel du salaire des administrateurs et des hauts dirigeants Lorsque la pandémie de COVID-19 a gagné l’Amérique du Nord, provoquant un confinement généralisé et d’importantes perturbations économiques, de nombreux émetteurs au Canada et aux États-Unis n’ont eu d’autre choix que de suspendre les versements de dividendes, de faire des mises à pied et de procéder à des réductions salariales. Un nombre important de ces émetteurs ont jugé qu’il était important que la direction fasse preuve de solidarité avec les actionnaires et les employés. Les émetteurs qui ont dû demander le soutien des gouvernements ont également fait face aux pressions des marchés et des milieux politiques qui exigeaient que les hauts dirigeants partagent les difficultés financières associées à la crise sanitaire. Par conséquent, entre la fin mars et le début mai 2020, de nombreux émetteurs ont annoncé des réductions ou des reports de rémunération touchant leurs dirigeants ou administrateurs. UNE VAGUE DE RÉDUCTIONS NE CRÉE PAS NÉCESSAIREMENT UNE TENDANCE Il ne faut pas confondre observations et données. Le flux des annonces de réductions de rémunération chez les hauts dirigeants a pu amener le consommateur moyen de nouvelles à conclure que ces réductions étaient la norme durant la pandémie. Or, les données indiquent que les mesures de réduction n’étaient pas particulièrement répandues parmi les émetteurs nord-américains. En date du 20 juin 2020, des études révélaient que seulement 51 (3,1 %) des quelques 1 600 émetteurs cotés à la Bourse de Toronto (« TSX ») avaient annoncé publiquement l’apport de changements à leurs pratiques de rémunération en réaction à la pandémie
de COVID-19 (voir le graphique 6-1) 102 ; seulement 18 % d’entre eux étaient des émetteurs inclus dans l’indice TSX 60 103 . De même, aux États-Unis, les données publiées par The Conference Board, Inc. en collaboration avec Semler Brossy et ESGAUGE Analytics révèlent qu’en date du 14 août 2020, seuls 636 émetteurs compris dans l’indice Russell 3000 (représentant seulement 21,2 %) avaient annoncé des réductions ou des reports de rémunération pour la haute direction 104 . Chez les émetteurs inclus dans l’indice Russell 3000 qui ont réduit la rémunération de leurs hauts dirigeants en 2020, l’ampleur des réductions a varié considérablement, tant entre les émetteurs qu’entre le chef de la direction et les autres membres de la haute direction d’une même société.
VARIABILITÉ DES RÉDUCTIONS DE RÉMUNÉRATION
Chez les émetteurs inclus dans l’indice Russell 3000 qui ont réduit la rémunération de leurs hauts dirigeants en 2020, l’ampleur des réductions a varié considérablement, tant entre les émetteurs qu’entre le chef de la direction et les autres membres de la haute direction d’une même société. Des études montrent que la majorité des émetteurs qui ont réduit la rémunération de leur chef de la direction ont appliqué une réduction temporaire de 20 % à 50 % (voir le graphique 6-2) 105 . La durée de la réduction a également été variable, allant d’une durée fixe pouvant être prolongée à une durée indéfinie. Certains chefs de la direction, en particulier dans les secteurs ayant grandement souffert des effets de la pandémie, comme le transport aérien et l’hôtellerie, ont renoncé entièrement à leur salaire.
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