CHAPITRE 06 La rémunération des hauts dirigeants en temps normal et en temps de crise
Pleins feux : The Walt Disney Company passée au crible
La surveillance accrue dont sont l’objet les émetteurs au chapitre de la rémunération des dirigeants dans la foulée de la pandémie de COVID-19 a été particulièrement vive à l’endroit de The Walt Disney Company, inscrite à la cote de la Bourse de New York, et de son approche en cette matière. Les mécanismes de rémunération des hauts dirigeants de Disney suscitaient déjà des controverses avant que ne survienne la pandémie. Les actionnaires institutionnels et les agences de conseil en vote expriment leur mécontentement à l’égard du plan de rémunération de l’ancien chef de la direction et actuel président du conseil exécutif, Bob Iger, depuis de nombreuses années. Selon l’information communiquée dans ses documents publics, Disney a fait participer les actionnaires à son processus décisionnel en matière de rémunération des hauts dirigeants pour l’exercice 2019, ayant consulté environ 74 % de ses 50 principaux actionnaires. À la suite de cette consultation et afin d’apaiser les inquiétudes des investisseurs, Disney a déclaré avoir réduit la rémunération de M. Iger pour l’exercice 2019 à trois occasions 106 . Pourtant, au début du mois de mars 2020, le vote consultatif sur la rémunération de Disney n’a recueilli l’appui que d’une faible majorité de 53 %, comparativement à la majorité de 57 % obtenue en 2019. Les agences de conseil en vote Institutional Shareholder Services Inc. (« ISS ») et Glass, Lewis & Co. (« Glass Lewis ») avaient recommandé aux actionnaires de voter contre la résolution sur la rémunération en raison de leurs préoccupations quant au niveau de la rémunération de M. Iger et de l’actuel chef de la direction, Bob Chapek, par rapport à celui de hauts
dirigeants occupant des postes comparables au sein des sociétés du groupe de référence de Disney, et quant au manque de rigueur des indicateurs de rendement. En raison de ces facteurs, ISS et Glass Lewis estimaient que les attributions étaient démesurées et rétribuaient une performance médiane, sinon une sous-performance marquée 107 . La propagation de la COVID-19 et les conséquences qui en découlent ont aggravé l’impression défavorable qui se dégage des pratiques de Disney en matière de rémunération des hauts dirigeants. Le 30 mars 2020, en réaction à la pandémie, Disney a annoncé que certains membres de la haute direction visés, dont MM. Iger et Chapek, avaient accepté une réduction temporaire de leur salaire de base, M. Iger renonçant à près de 100 % de son salaire de base jusqu’à la fin de 2020 et M. Chapek, à 50 %. Toutefois, Disney a déclaré que toutes les dispositions des contrats de travail de ces dirigeants continueraient d’être appliquées en fonction de leur salaire de base 108 . Selon CGLytics, la réduction temporaire du salaire de M. Iger représente 2,25 millions de dollars américains, c’est-à-dire seulement 3,3 % de sa rémunération totale réalisée de 2019 qui s’est établie à 47,5 millions de dollars américains 109 . Ces réductions ont été vues comme guère plus que des gestes symboliques, au regard tout particulièrement de l’annonce de Disney selon laquelle l’entreprise allait mettre à pied plus de 100 000 travailleurs en raison de la pandémie. Depuis lors, de nombreux appels continuent d’être lancés pour que Disney remanie les plans de rémunération de ses hauts dirigeants 110 .
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